Le Tailleur

Publié le par SAINTE-MARGUERITE

Afin de réaliser ces vêtements qui sont parfois de véritables œuvres d'art, toute une industrie fonctionne avec ses règles, ses droits et ses devoirs. Le tailleur règne en seigneur par-dessus tout, car souvent il est également brodeur. Au XIXe siècle principalement, il va de ferme en ferme, parfois avec un apprenti. Ce curieux personnage est à la fois craint et recherché. Méprisé par les hommes qui pensent qu'il faut sept tailleurs pour faire un homme et qui ne prononce son nom qu'en s'excusant immédiatement après : « Lorsque le tailleur sauf votre respect, est venu à la ferme... », il est « bichonné » par les femmes, qui par sa bouche apprennent bien des choses sur le voisinage et craignent, elles aussi, d'être un jour victimes de ses commentaires. Il faut dire que pour son travail, il doit être au courant de tout ce qui se passe dans la maison et savoir quelle est la place de son client dans la société pour déterminer, après d'âpres discussions, quel costume il peut réaliser. Si jamais il se trompait et qu'il réalisait un costume trop somptueux pour une famille jugée trop modeste par les autres, c'est lui, le tailleur, qui serait raillé et les riches familles du canton ne feraient plus jamais appel à ses services.

Selon le terroir et la richesse de ses clients, il peut rester cent jours dans la même ferme, mangeant à volonté les mets les plus prisés, mais ne buvant presque pas lorsqu'il brode, de peur que la transpiration ne tache à jamais les fils de soie ou de laine qu'il faut ajuster avec précision. La commande exécutée, le costume est exposé dans la maison, et une fête rassemblant les voisins récompense le tailleur.

 

Sur la base d’extraits de la brochure « Costumes et Coiffes de Bretagne » des Editions Ouest-France, auteurs : J.-P. Godinec / D. Mingant

Publié dans Les Costumes

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